nisation de l’île Royale, la France encourage le déménagement des Acadiens qui vivent alors sur la péninsule, devenue territoire britan- nique. Les autorités françaises veulent profiter de l’expérience des Acadiens dans l’implantation et le développement rapides d’une nouvelle colonie. Reconnaissant l’atout que représentent les Acadiens, le Conseil de la Marine s’exprime ainsi en 1717 : Ces Français Acadiens sont naturellement industrieux, ils naissent forgerons, menuisiers, tonneliers, charpentiers, constructeurs ; ils font eux mesmes les toiles et les étoffes dont ils s’habillent. C’est pourquoy outre le défrichement des terres de l’Ile Royale ils fourniraient à cette colonie un nombre consi- dérable de bons ouvriers qui contribueraient bien mieux à son établissement que des personnes qu’on y envoyerait de France et qui ne seraient faits ny au climat, ny aux usages du pays.” En 1720, la France commence la construction de la forteresse de Louisbourg pour protéger les accès maritimes de ses colonies en Amérique du Nord. Le site de Louisbourg s’avère important en raison de son havre libre de glaces toute l’année. On croit aussi que la forteresse pourra facilement repousser toute attaque navale. Ce site de l’île Royale comporte cependant plusieurs inconvénients pour le développement d’une colonie : pénurie de terre arable, climat brumeux et régime de vents froids presque toute l’année. L'absence de terres propices à l’agriculture s’avère un problème sérieux, car il faut à la fois approvisionner la ville-forteresse et attirer les fermiers acadiens. Or, depuis des générations, les Acadiens culti- vent avec grand succès les terres fertiles qui bordent la Baie Fran- çaise. À cette époque, rien ne les incite à abandonner leurs fermes familiales pour s’isoler sur une terre pauvre et rocheuse. Face à une telle situation, les autorités à Louisbourg préconisent la colonisation de l’île Saint-Jean où la terre paraît très fertile, donc plus susceptible d’attirer les Acadiens. En outre, ses eaux abondent en poisson et ses forêts constituent une excellente source de bois de construction. C’est en 1719 que le comte de Saint-Pierre, premier écuyer de la duchesse d’Orléans, obtient de Louis XV la concession de l’île Saint-Jean, de l’île Miscou et des îles de la Madeleine, dans le golfe Saint-Laurent «pour y établir des habitants et une pêche sédentaire de morue*». Les lettres patentes précisent que le concessionnaire doit installer cent colons la première année et cinquante les années suivantes pour conserver sa concession. 19