gouverneur Duchambon doit donc capituler le 17 juin 1745. Quelques jours avant la prise de Louisbourg, Pepperrell envoie un groupe de reconnaissance à l’île Saint-Jean. Un détachement marche sur Trois-Rivières où, comme nous le savons, les instal- lations de Jean-Pierre Roma sont détruites. Avec sa famille, le seigneur réussit à gagner Havre-Saint-Pierre, puis Québec, pour ne jamais revenir à l’île Saint-Jean. Le reste du groupe de Pepperrell marche sur Port-Lajoie. Le fort et les autres bâtiments sont incen- diés. La petite garnison forte d’une vingtaine d'hommes, comman- dée par Dupont Duvivier, remonte la rivière du Nord-Est avec les Anglais à ses trousses. Avec le renfort d’une bande de Micmacs, les soldats de Duvivier se retournent contre les Anglais et réussissent à les rejeter à la mer. Avant de rembarquer, les Anglais laissent sur le terrain 28 morts ou blessés qui seront faits prisonniers à la suite de cet accrochage!*. Louisbourg conquis, l’île Saint-Jean, dont la sécurité dépendait de la forteresse, tombe à son tour aux mains des Anglais. Aux termes d’un accord signé à Louisbourg, les autorités anglaises promettent, contre la libération de six otages, de ne pas inquiéter les habitants de l’île Saint-Jean et leur donnent une année pour la quitter. À la suite de la conquête de l’île, l’anxiété s’installe chez les colons acadiens qui croient voir le spectre de la déportation se lever devant eux. Selon la rumeur, les Anglais prépareraient en effet leur expulsion. En réalité, ils ne donnent pas suite à ce projet, autant par manque de moyens matériels que parce qu’ils n’estiment pas que ces colons présentent réellement une menace!?. Du côté de la Nouvelle-France, une expédition militaire de reconquête de l’ Acadie, de l’île Royale et de l’île Saint-Jean est en préparation. En 1746, de Ramezay, à la tête d’un corps expédi- tionnaire de 700 hommes, quitte Québec. Un groupe de ces soldats accompagnés de Micmacs et conduit par Montesson, se détache de la colonne et attaque un navire anglais dans la rivière du Nord-Est. Les Anglais essuient quelques pertes et se font prendre quelques prisonniers!8. ‘Cependant, à l’instar de Duvivier, l’expédition du corps Rame- zay est un échec militaire. Pas plus que Duvivier, il ne réussit à rallier les Acadiens à l’armée royale. Les quelques Acadiens qui rejoindront les rangs du corps canadien déclareront par la suite y avoir été contraints par la force. 25