«La Tempérance». L’abstinence totale de boissons alcoolisées n’est plus de rigueur et toute personne — hommes, femmes et enfants — ayant fait sa première communion peut en devenir membre, moyennant une cotisation annuelle d’environ 10 cents. L’argent recueilli sert à payer les frais du service religieux lors des funérailles du membre. Ce genre de société survit dans certaines paroisses jusqu'aux années 1970.
En somme, la Société de tempérance joue un rôle important dans les paroisses acadiennes où pendant de nombreuses années elle constitue le principal organisme communautaire. Outre la lutte contre le problème de l’alcoolisme, le mouvement contribue au dévelop- pement des paroisses aux plans social, économique et culturel.
L’éducation
Une question de religion
Au cours des années 1860 et 1870, les écoles acadiennes sont victimes d’un sérieux conflit religieux et politique dans la province. Dès la fin des années 1850, la question de l’enseignement de la religion dans les écoles oppose catholiques et protestants. La contro- verse est centrée sur la question du pouvoir de l’Église et de l’État dans le domaine de l’éducation. Un débat violent se prolonge dans les journaux et à la Législature. La loi scolaire de 1877 établira enfin que les écoles publiques de la province doivent être non confes- sionnelles, c’est-à-dire neutres en matière de religion.
Pour apprécier l’ampleur de ce débat qui a déchiré la province pendant longtemps, il faut comprendre que dès le milieu du XIX° siècle l’Île-du-Prince-Édouard comprend une population pluraliste du point de vue confessionnel. Les membres des différentes déno- minations religieuses veulent que leurs enfants soient instruits selon leurs croyances. Cette exigence des parents pose un problème car un grand nombre de communautés comprennent plusieurs déno- minations. La population restreinte de ces communautés et les maigres ressources du Trésor public destinées à l’éducation, ne justi- fient pas qu’on multiplie les écoles afin de respecter les pratiques et les croyances religieuses de chaque famille. La solution la plus simple est donc de préserver la neutralité religieuse des écoles publi- ques. Toutefois, aucune loi ne légalise encore ce principe. Il revient plutôt au Bureau d’Éducation de s’assurer que le programme d’en- seignement et les manuels scolaires autorisés dans ces écoles soient
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