les candidats acadiens doivent démontrer leurs compétences dans la langue anglaise à l” École normale, avant de se lancer dans l’en- seignement en français Selon l’inspecteur des écoles, William Henry Buckerfield, l’amendement apporté à la loi scolaire en 1863 favorisait l’avan- cement des Acadiens en les obligeant à apprendre la langue du pays. Il écrit : L’abolition des allocations gouvernementales aux instituteurs acadiens, par laquelle la population française fut placée sur un même pied d’égalité avec leurs concitoyens, était, à mon avis, une mesure judicieuse. Celle-ci aura tendance à encourager sensiblement l’introduction générale de l’anglais dans des districts où par le passé cette langue était rarement parlée. Je crois, en effet, que les plus intelligents des Français sont tout à fait avertis du désa- vantage sous lequel ils ont jusqu’à présent vécu en ignorant la langue d’af- faires de ce pays.°? À l’usage, cette politique va entraîner l’anglicisation des écoles acadiennes. Dans l’immédiat, plusieurs écoles acadiennes doivent fermer leurs portes car la loi scolaire n’autorise pas un dédoublement d’établissements au sein d’un même district scolaire. Par consé- quent, si un district comporte déjà une école anglaise reconnue, il ne reste plus de place pour une école française habilitée à bénéficier des subventions à l’enseignement. Même dans des districts purement acadiens, les difficultés ne surgissent pas nécessairement de la co- existence avec les écoles anglaises mais de la pénurie d’instituteurs francophones dûment certifiés auxquels seront confiés des enfants unilingues français. On se trouve là en présence d’un cercle vicieux, puisque l’insuffisance de la connaissance de l’anglais chez de nombreux enseignants francophones ne leur permet pas de réussir aux examens du Bureau d’Éducation. Dans certaines écoles de Baie- Egmont et de Mont-Carmel, on contournera cette difficulté en recru- tant des jeunes filles non certifiées, dont les salaires seront réglés par des donations privées? Au cours des années, de nouveaux amendements à la loi scolaire vont changer cette situation lamentable. Dès 1864, on permet l’éta- blissement de deux écoles dans un district jugé trop populeux. On tolère ainsi la présence des écoles acadiennes catholiques dans certains districts“. En 1868, sous l’impulsion du député Joseph- Octave Arsenault, l’Assemblée législative adopte une motion qui encourage les instituteurs à se qualifier dans l’enseignement du fran- çais. Ainsi, un instituteur titulaire d’une telle compétence a le droit 113