d’occuper leur juste part de ces fonctions. Mais à partir de 1860, cet obstacle disparaît car le nombre d’ Acadiens suffisamment instruits ne cesse d’augmenter. En 1870, un Acadien de Tignish se plaint publiquement de l’attribution presque constante des emplois publics aux Anglais dans les paroisses acadiennes””.
La question de la distribution des postes publics revient sur le tapis après la formation du gouvernement de coalition de 1870. Les Acadiens s’attendent à être récompensés par ce nouveau gouver- nement que leurs deux députés ont aidé à former. Comme d’ha- bitude, les nominations tardent à venir. Un Acadien ne se gêne pas d’exposer dans la presse des griefs qu’appuient les Acadiens de toutes tendances politiques :
Maintenant, Monsieur, lorsque le présent gouvernement a été formé, j'avais l’impression qu’il saurait, à cause de l’appui reçu de nos députés acadiens, reconnaître notre contribution en nommant certains d’entre nous dans des postes publics devenus vacants. Mais nous avons été grandement déçus. La triste réalité c’est que lorsqu’on a besoin des Acadiens le jour des élections, on les met sur un pied d’égalité avec leurs voisins, mais aussitôt qu’ils ont : déposé leurs votes comme de bons citoyens, et qu’ils ont aidé, dans une grande mesure, à amener un parti au pouvoir, ils sont complètement ignorés.
Le rédacteur du journal The Examiner se montre sensible aux plaintes des Acadiens. Il demande au gouvernement de corriger cette situation qu’il juge inacceptable, en exprimant l’espoir de voir bien- tôt la discrimination pratiquée envers les Français de la province, devenir une pratique du passé :
Nous espérons qu’il ne sera pas trop éloigné le jour où un insulaire ne sera pas empêché de combler des positions d’honneur et d’émoluments à cause de ses origines françaises. Il existe douze mille Acadiens dans l’île, et même s’ils ont élu deux représentants à l’ Assemblée législative, aucun d’eux n’oc- cupe un poste d'importance, quel qu’il soit."
Le gouvernement nomme quelques Acadiens à des postes publics pour apaiser les critiques. Mais, à long terme, la situation s’améliore peu. Les Acadiens se sentent Souvent trompés par les politiciens ; ils ne reçoivent pas leur quote-part des offices publics. Gilbert Buote, rédacteur de l’Zmpartial, journal publié à Tignish, rappelle à ses lecteurs, à la veille du scrutin provincial de 1893, des souvenirs d'élections passées. Il souligne aux Acadiens de sa circonscription leur poids dans le corps électoral et les exhorte à élire à la Législature un des leurs capable de leur rendre justice :
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