Les produits avec lesquels les fermiers payaient jadis la location de leurs bancs à l’église nous donnent une idée de l’importance des diverses récoltes au cours des années. À Cascumpec, en 1863, pres- que tous les fermiers acadiens paient leurs bancs en boisseaux d'avoine. À partir de 1875, la pomme de terre fait partie des paie- ments, et en 1889, ils comprennent aussi du blé et quelquefois de l’orge. Cette année-là, la contribution moyenne, comme celle de Dominique Gallant, inclut 12 boisseaux de pommes de terre, cinq boisseaux d’avoine, deux boisseaux de blé et un boisseau d’ orge!1.

À Abram-Village, en 1880, l'honorable Joseph-Octave Arse- nault, politicien et marchand, achète des fermiers une grande quan- tité d’avoine, au com tant, à 38 cents le boisseau, de même que des pommes de terre! *?. En 1887, l'Évangéline note que la récolte d’avoine a été assez bonne et de qualité remarquable dans ce village mais qu’elle se vend seulement de 25 cents à 27 cents le boisseau, alors que les pommes de terre se vendent de 25 cents à 30 cents le boisseau!*?,

Une particularité des agriculteurs acadiens de l’époque est la culture du lin. En effet, cette plante est peu cultivée dans l’île à l’extérieur des communautés acadiennes. Le lin répond à des besoins domestiques : confection de draps, d’essuie-mains, de rideaux et de vêtements! *#, Aucune usine de traitement de cette fibre n’existant alors dans l’île, toutes les étapes de la transformation et de la produc- tion linière sont exécutées à la ferme!*°.

Enfin, le recensement de 1880 indique clairement que les Acadiens portent un intérêt spécial à la culture du blé d’Inde. Il est cependant produit sur une petite échelle, probablement pour la consommation locale uniquement!*f

Le bétail

La plainte courante dans les journaux du temps est que les fermiers gardent toujours trop d’animaux pour la quantité de ration dont ils disposent. Comme par le passé, la plupart des fermiers, faute de mieux, hivernent leurs bêtes surtout à la paille. Néanmoins, on note au cours de cette période une nette augmentation du bétail.

Nous ne disposons que de faibles données sur le cheptel des fermiers acadiens de l’île pour la période étudiée. Selon l’historien Andrew Hill Clark, en comparaison avec les autres fermiers de l’île au début des années 60, les Acadiens élèvent moins de bovins! 7. Nous pouvons supposer qu’en raison de leur enthousiasme pour la

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