acadien pour l’Île-du-Prince-Édouard. Peu de temps après la paru- tion du journal, en 1893, un des sièges sénatoriaux réservés à la province devient vacant. L’Impartial le réclame aussitôt pour un francophone :

Nous n’avons encore qu’un seul Acadien au sénat pour toutes les provinces maritimes, et il paraîtrait raisonnable vu le nombre que nous comptons à l’Ile- du-Prince-Édouard, au Nouveau-Brunswick et à la Nouvelle-Écosse, que le gouvernement reconnût la justice de nous accorder un deuxième sénateur. Nous avons parmi nous l’hon. J. O. Arsenault et l’hon. S. F. Perry éminem- ment qualifiés sous tous les rapports pour la position. 75

Le siège vacant échappe cette fois-ci aux Acadiens. Mais l’année suivante (1894), lorsque le sénateur George W. Howlan est nommé lieutenant-gouverneur de l’île, L’Impartial revient à la charge. Il demande aux Acadiens de s’unir pour réclamer ce siège sénatorial. La campagne porte fruit. Au mois de février 1895, Joseph-Octave Arsenault, après vingt-huit ans à l’Assemblée législative provin- ciale, est nommé à la Chambre haute du pays. Les journaux, tant anglais que français, se réjouissent du choix. D’après le Charlot- tetown Herald, nulle nomination à un poste honorable n’a jamais été mieux méritée dans la province’/?. Et, de renchérir le Summerside Journal, cette heureuse désignation vient couronner une longue carrière politique honorable et irréprochable’.

La carrière sénatoriale de J.-O. Arsenault est de courte durée. En 1897, il meurt à l’âge de 69 ans. Ainsi se termine la très brève participation acadienne de l’île au Sénat canadien. Depuis cette date, malgré de nombreuses réclamations, les Acadiens n’ont jamais réussi à obtenir un des quatre sièges sénatoriaux réservés à la province. En 1925, ils organisent une impressionnante campagne pour faire nommer un Acadien à l’un des deux sièges vacants dans la repré- sentation insulaire au Sénat. Requêtes, résolutions et lettres person- nelles sont envoyées au premier ministre par les Acadiens de l’île. Ils reçoivent l’appui des sociétés, des journaux et des parlementaires canadiens-français. Enfin, une petite délégation acadienne se rend à Ottawa présenter la requête directement au premier ministre. Encore une fois, c’est la grande déception, la frustration même. Aucun des deux sièges n’est accordé à un Acadien??.

Depuis le décès de Stanislas-F. Perry, en 1898, l’île n’a élu aucun député acadien à la Chambre des Communes. La grande infé- riorité numérique des Acadiens dans les circonscriptions électorales fédérales ne favorise pas l’élection d’un des leurs. Voilà pourquoi

201