La fondation de la region Evangeline
Larrivée des familles acadiennes dans la région Evangéline est une conséquence directe du systéme foncier de type sei- gneurial implanté dans I’ile en 1767 par la Grande-Bretagne. Ces familles habitaient auparavant a la baie de Malpéque ou pendant au moins 30 ans elles avaient cultivé des terres dans les lots 16, 17 et 19. Au cours des années, elles se sont pliées bon gré mal gré aux exigences des différents propriétai- res qui se sont succédés. Le mieux connu est le colonel Harry Compton qui acquiert le lot 17 en 1804 et qui déménage de l’Angleterre pour s’occuper de son domaine. Bien qu’au dé- but les Acadiens semblent bien s’entendre avec lui, les rela- tions se détériorent au point qu’un groupe de locataires choi- sissent d’abandonner les terres qu’ils exploitent depuis longtemps dans I’espoir de trouver une vie meilleure dans le lot 15. La, ils fondent La Roche (Baie-Egmont) et Le Grand- Ruisseau (Mont-Carmel).
En arrivant dans ce coin inhabité de l’ile, la plupart des familles acadiennes s’établissent a titre de squatters, c’est-a- dire illégalement. Ils savaient que le propriétaire ne s’occu- pait pas de sa concession et ils espéraient pouvoir éventuel- lement acquérir ces terres et en devenir les véritables propriétaires. D’ailleurs, au mois de décembre 1813, quatre Acadiens réussissent a acheter 500 acres de ce canton lors d’une vente a l’encan. Mais ce n’est qu’en 1828, quelques années apres que le gouvernement insulaire avait confisqué le canton du propriétaire, qu’une soixantaine d’Acadiens par- viennent a acheter les terres qu’ils occupaient, et ce a un prix relativement abordable.
En 1852, le gouvernement de la colonie invite publique- ment les Acadiens de I’ile a acquérir a bon marché des terres dans le lot 15. Par ce geste, il cherche a réparer le tort que le gouvernement britannique avait causé aux Acadiens en ne leur restituant pas, apres le Traité de Paris, les terres qu’ils occupaient avant la Déportation. On peut donc dire que le lot 15, dans une grande mesure, a été réservé aux Acadiens. Ce geste gouvernemental explique en partie pourquoi ce lot est aujourd’hui le canton acadien le plus homogéne de la province, et aussi celui oti la langue frangaise est la plus vi- vante.
La région Evangéline déborde cependant les frontiéres du lot 15. Les enfants des fondateurs et les familles qui arrivent