40 Guide historique de la région Evangéline Boucherie a Mont- Carmel. Cette photo a été prise vers 1925 chez Jean J. Gallant (Jack Paneau). Normalement on tuait le cochon une fois la gelée permanente arrivée afin de conserver la viande plus facilement en la congelant a I’air ambiant. Une partie du porc aboutissait cepen- dant au saloir. Aucune partie du cochon n’était gaspillée. Le sang, le foie, le coeur, les poumons, la gorgiere et les tripes ser- vaient a la préparation du boudin, la téte s’em- ployait dans la fabrication de téte fromagée et la graisse non réservée pour la cuisine était utilisée dans la confection du savon. On savait méme profiter de la vessie : gonflée et séchée, elle devenait un ballon pour les petits, et parfois une décoration pour I’arbre de Noél. (Coll. Alice Poirier) Parmi ces recettes, il y a les plats a base de pommes de terre rapées, tels que le chiard, la poutine rapée et le beignet rapé (crépe a la rapure). On croit que les Acadiens auraient obtenu ces recettes des Loyalistes de descendance allemande qui se sont établis dans le sud-est du Nouveau-Brunswick a |’époque de la Révolution américaine. Inconnues en France et en Grande-Bretagne, des versions de ces plats figurent dans les cuisines traditionnelles allemande et scandinave. De ces trois mets, le chiard —- qu’on nomme aussi, simple- ment, rapure — remporte la palme de popularité dans la ré- gion Evangéline. C’est un plat que l’on cuisinait jadis surtout pour des occasions spéciales. Aujourd’hui on le sert frequem- ment et on peut méme le commander au restaurant depuis 1971. Les poutines rapées, dont la préparation est plus lon- gue et plus difficile, sont moins prisées, mais plusieurs fa- milles continuent 4a les faire surtout aux environs du Mardi gras. Quant aux beignets rapés, ils constituent a l’occasion un plat familial. Le fricot s’avére le mets typiquement acadien qui se re- trouve le plus régulieérement sur la table. Genre de soupe aux patates, on le prépare le plus souvent avec du poulet, des palourdes ou des coques. Quand on le fait sans viande ni fruits de mer, on l’appelle fricot a la bezette. Il peut contenir des pates, et bien des gens l’aiment assaisonné d’un peu de sarriette, pice acadienne par excellence. Le pot-en-pot s’apparente au fricot. Composé des mémes ingrédients, sa préparation est cependant différente. I] a une consistance qui se rapproche davantage du ragodt que de la soupe. Les pates sont obligatoires dans un pot-en-pot. Dans