Mont-Carmel et de Baie-Egmont était de fournir des victuailles aux familles nécessi- teuses. Sans exception, toutefois, la col- lecte était suivie aussi d’un festin quel- conque. Joseph T. Arsenault d’Abram- Village, familièrement appelé Joe Tanisse, a bien connu cette belle tradition:

Ah! oui, je l'avons couri en masse la Chandeleur. Il y avait une lotte de pauvres dans ce temps-là. On courait la Chandeleur pour les pauvres, pis on se gardait tout le temps un morceau de lard pour faire un chiard le soir12.

Mais il arrivait parfois, certaines années, que la pauvreté n'était pas plus évidente dans une famille que dans une autre. D’après plusieurs informateurs, la quête se déroulait quand même. Elle servait alors uniquement à procurer des vivres pour le réveillon.

À l'époque l’on courait la Chandeleur dans l'Ile, il n’était presque pas question de bien-être social. L'aide que pouvait offrir le gouvernement aux indigents était minime et pas toujours facile d'accès. Chaque com- munauté devait donc voir au mieux-vivre de ses membres. Ainsi, la majorité des gens, incapables de pourvoir à leurs pro-

12. Ibid., enreg. 508.

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