Le même coq pouvait servir pendant plusieurs années s’il était solidement fait, et si les quêteurs veillaient à ce qu'il ne fût pas trop délabré. À Abram-Village, celui qui a servi aux dernières quêtes apparte- nait à Mme Lucille Arsenault. Empaillé, de production manufacturière, il était fabri- qué d’un beau velours rouge27.

Se serait-on déjà servi d’un vrai coq à un moment donné? D’après Augustin Arse- nault, cela se serait déjà produit, mais avant son temps:

Bès quand qu'il y avait pas de coq, ilen tuiont un pis on le mettait sur une per- che. Bès, il y en a qui l’on fait - pas par icitte, plutôt pas dans mon temps. Bès, je le sais; ils l’avont dit! Sure! Ils tuiont un coq pis ils le mettiont sur le fait’ d’une perche pis le soir ils faisiont un fricot avec.28

Mais pourquoi les coureux de la Chande- leur promenaient-ils cette volaille? Peu de personnes interrogées ont pu fournir une explication. Pour certains anciens quêteurs, le coq représentait simplement la Chandeleur, ou signifiait qu’ils quéman- daient de la viande. Pour d’autres, sa

27. Coll. G.A., ms. 127 et enreg. 732. 28. Ibid., enreg. 732.

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