du corpus, racontent les derniers moments d'hommes qui périrent en mer. De ces victimes, au moins sept etaient pêcheurs.

Le thème de la mort en mer3 reflète tres bien cette angoisse tout à fait présente dans la vie des peuples côtiers. Il est normal qu'elle soit traduite dans leur tradition orale. À ce sujet, Geneviève Massignon écri- vait: «La tradition populaire, dans les régions mari- times, reflète l'influence de son milieu naturel. On re- cueille sur les côtes, et particulièrement dans les iles, des chansons relatives à des voyages en mer, à des naufrages, à des combats.» Geneviève Massignon dit avoir remarqué la présence de cette tradition en Fran- ce dans les iles de Noirmoutiers et d'Yeu, et sur le lit- toral vendéens.

Les chansons sur des morts accidentelles, autres que les noyades, composent la seconde catégorie importante. Ainsi, ce thème représente environ vingt- trois pour cent du répertoire. La mort, survenue à la suite d'une collision de train, d'un accident de cheval, de la chute d'un arbre sur un bücheron et d'accidents dans divers chantiers, sont autant de sujets traités dans ce deuxième groupe.

Quant aux derniers quinze pour cent, ils regrou- pent divers thèmes tels un meurtre, un déces à la suite d'une maladie et une émigration forcée.

Nous présentons ici la liste de ces complaintes dans un ordre chronologique. La date précédant le titre indique celle de l'événement relaté. Nous noterons en parcourant cet inventaire que cinq complaintes ont débordé les barrières géographiques que constituent

3. L'ethnologue Jean-Claude Dupont, dans son livre Héritage d'Acadie (Montréal, Leméac, 1977), traite de ce genre de com- plaintes dans un chapitre qu'il intitule, «La geste des morts en mer », pp. 19-54.

4. Geneviève Massignon, «Chants de mer de l’Ancienne et de la Nouvelle France», Journal of the International Folk Music Council, volume XIV (1962), p. 74.

5. Ibid.

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