on distingue quatre éléments principaux. Le pre- mier annonce, d'une façon plus moins précise, la trame de la chanson. Ainsi, dans le cas d’un accident mortel, l'auditoire en sera averti des les premiers vers, annulant ainsi toute possibilité de créer du suspense. Cette façon de faire a également été notée dans les complaintes anglaises («ballads ») de l'Amérique du Nord. Une autorité en cette matière, G. Malcolm Laws, écrit à ce sujet:

Le suspense ne constitue pas un aspect important dans la construction des ballades locales. Ceux qui sont habitués aux Child ballads, tels «Lord Randall » et «Edward», le point culminant est toujours dif- féré, pourront être déçus en se rendant compte que les ballades américaines empruntent habituellement le style journalistique de dire une histoire. Cela con- siste à révéler, dès le premier couplet, ce qui est arrivé, quitte à raconter l’histoire en détail par la suite.

L'identification de la victime constitue une deuxiè- me composante de l'introduction. Cependant, l'identi- fication reste souvent incomplète. La plupart du temps, elle sera restreinte à des expressions telles que «un brave jeune homme», ou encore à la mention de l'âge de la personne en question: «C'est un garçon de dix- neuf ans.»

Un troisième élément situe l'événement dans le temps et dans l'espace. Certaines complaintes feront connaître, dans cette partie, la date à laquelle eut lieu le triste incident. Le jour, le mois, l’année, ou même deux de ces éléments, manqueront parfois à l'intégrali- de cette date.

En ce qui a trait à la localisation, elle aussi sera plus ou moins précise selon la chanson. Dans certains

3. G. Malcolm Laws, Native American Balladry. À Descriptive Study and a Bibliographical Syllabus, revised edition, Phila- delphia, The American Folklore Society, 1964, p. 33. Traduction de l’auteur.

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