juste du genre de personnes portées à composer des complaintes.
En premier lieu, tous les auteurs sont nés et ont vécu à la campagne au moment où ils ont produit leurs vers. À l'exception de William Doucet, qui était instituteur, tous les autres vivaient de la culture de la terre ou de l'industrie de la pêche. La plupart d'entre eux ont peu fréquenté l'école, même que certains, tels Andre Arsenault, Isabelle Poirier, Madeleine Richard et Sophique Arsenault ne savaient pas écrire.
Un fait assez remarquable chez la majorité de ces gens, cest qu'ils ont élevé de petites familles de trois ou quatre enfants, des maisonnées relativement petites dans la société acadienne traditionnelle. Parmi ces au- teurs qui n'ont eu que quelques enfants, trois d’entre eux, Isabelle Poirier, Sophique Arsenault et Léah Mad- dix, ont été sages-femmes. Notons également que deux de ces dernières sont devenues veuves relativement jeunes.
Le sexe des auteurs en question constitue un des points les plus frappants. En effet, ce sont uniquement des femmes qui ont composé des complaintes dans la région de Baie-Egmont et Mont-Carmel, alors que dans les paroisses de Tignish et Palmer Road, à l'extrémité ouest de l'Ile, les complaintes furent surtout compo- sées par des hommes.
Que pouvons-nous dire du caractere de ces indi- vidus? D'après nos enquêtes, certains d’entre eux étaient évidemment des gens qui avaient une forte per- sonnalité et que l’on pourrait même qualifier, avec quelques nuances, d'originaux. Nous pensons d'abord à ceux qui composaient également des chansons co- miques au sujet d'événements divers et dans lesquelles on allait parfois jusqu'à morigéner des personnes, comme l'a fait Isabelle Poirier dans sa chanson sur le festin chez Pierre à Maximin. Rappelons-nous encore la chanteuse Madeleine Richard qui, pour s assurer qu'elle ne soit pas oubliée apres sa mort, composa une chanson sur elle-même, une sorte de testament versifie |
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