pour prendre facilement possession de leurs fermes. ls tirerent parti de la défiance mutuelle qui existait entre le propriétaire et ses tenanciers, aussi de la peur innée que les Acadiens manifestaient envers les Anglais. Les nouveaux arrivants jouërent ainsi sur la sensibilité de ce peuple candide au point de leur rendre la vie peu confortable.42 En octobre 1812, le père Beaubien, missionnaire s occupant des Acadiens insulaires, fit savoir à son évêque que le colonel Compton était indisposé à l'égard des Acadiens de Malpèque: Pour Malpec, les habitants sont comme ils étaient à la passée de votre grandeur. J'ai vu der- nierement M. Compton qui était indisposé contre eux, surtout envers Placide Arseneau qui n'avait pas voulu parcourir Malpec pour lui le dimanche pendant que j y chantais la messe et les vêpres ce qui était fort bien fait. || fut jusqu'a lui dire qu'il pourrait arrêter la messe si on ne voulait pas faire ce qu'il voudrait, et peut-être encore quelqu'autre sotise, tout celà n'a rien été. Quoiqu'il en soit je crois que les pauvres malheureux finiront par en partir. Cette lettre est tres révélatrice de l'envergure du différend qui existait entre le propriétaire Compton et ses locataires acadiens. C. Le départ de Malpèque Les exigences du propriétaire, le colonel Compton, aussi bien que les mauvais traitements des voisins anglais, incitèrent les Acadiens à quitter les terres qu'ils avaient louées pour aller s'installer ailleurs. En 1812, quelques familles laissèrent Malpèque pour se 42. Rev. John C. Macmillan, The Early History of the Catholic Church in Prince Edward Island, Québec, 1905, p. 174. Tra- duction de l'auteur. 43. «Lettre de l'abbé Beaubien de Rustico, à Mgr Plessis», le 3 octobre 1812. AAQ, série 310, C.N. |: 39. 104