Une certaine difficulté se présente lorsqu'on essaie d'identifier clairement les naufragés et d'établir le lien de parenté qui existait entre eux. Malheureuse- ment, le journal ne signale pas ce rapport. Quant à la complainte, elle précise au douzième couplet que l’un des mariniers est le fils de la veuve Marie Poirier, alors que les neuvième et seizième couplets identifient les noyés comme étant trois fils de Paul Poirier. Et pour embrouiller davantage cette énigme, une des victimes se nomme Ephrem dans la chanson et John dans The Royal Gazette.

D'abord, essayons d'éclaircir le cas de Jean, fils de Marie Poirier. Selon les renseignements que nous avons recueillis, Jean était le fils de Pierre Cormier et de Marie Perry (Poirier). Il était marié à Luce Poirier, fille de Paul Poirier et de Hélène Arsenault. De toute évidence, Luce était la sœur des deux autres noyés. D’après les registres paroissiaux de Baie-Egmont, Jean était orphelin de père lors de son mariage le 13 février 1850.

Au dire de Félix Gallant de Cap-Egmont (informa- teur de la version B), Luce donna naissance à son premier enfant, un fils, après la mort de son époux. Elle le nomma Jean à la mémoire de son mari. Nous avons vérifié l'authenticité de ces renseignements dans les registres de la paroisse et, en effet, Luce Poirier baptisa un fils du nom de Jean Cormier, le 13 jan- vier 1851.

Les deux compagnons de Jean Cormier étaient, semble-t-il, les frères Ephrem et Jean Poirier, fils de Paul et d'Hélène Arsenault. Cependant, dans une liste de dix enfants que nous avons pu établir pour ce couple, nous retrouvons ni l’un ni l’autre de ces deux noms.

Madame Hélène Arsenault, de Saint-Gilbert, se souvient que sa mère chantait cette complainte. Elle

5. Liste établie d'après les registres paroissiaux de Baie-Egmont, Mont-Carmel, Miscouche et Rustico.

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