UNE FEMME AMOUREUSE DE LA VIE 17
Aimé Aucoin s’est marié à Mont-Carmel à Marie Poirier (fille de Pierre Poirier et d'Anne Arsenault) le 4 septembre 1894. Léah est le troisième enfant né de cette union. Une sœur et un frère, Octavie et
Glorice, l'ont précédée.
Baptisée par le père Pierre-Paul Arsenault, curé de la paroisse, Léah a reçu le nom de Marie Léa Aucoin*. Suivront cinq autres sœurs, Célina, Euphémie, Félicité, Madeleine et Bella, et un deuxième frère, Gérard. Une autre enfant est mort-née.
Une enfance heureuse
Léah m'a toujours raconté qu’elle avait vécu une enfance heureuse. Elle conservait une très grande admiration pour son père. «Il était sérieusement doux, disait-elle. Il nous a presque jamais marmottés*. Je me souviens deux fois qu’il m'a marmottée, puis j'ai pas oublié ça, puis c'était pas grand-chose. Mon père était un homme patient.» Sa mère avait, par contre, un tempérament plus sévère. «Elle était assez stricte», m'’a-t-elle souvent dit. Sans jamais la condamner comme telle, Léah la décrivait comme étant plus rigide dans son rôle de mère que la plupart des femmes du voisinage. Elle là trouvait aussi fortement puritaine : (Je me souviens, chez Arsène Paneau {les voisins], un soir, Madeleine allait avoir un bébé. Et puis ma mère avait assez peur que je nous apercevions de de quoi, elle avait baissé le rideau jusqu’en bas pour pas que je pouvions voir chez Arsène. Elle était assez sainte, elle!»
Même si l'école du village était située à proximité de la maison, Léah ne l'a fréquentée que pendant quatre ans au plus. Elle a fait ses débuts scolaires à l’âge de huit ans. À l’époque, on initiait d’abord les élèves à l'alphabet à l’aide d’une carte. Lorsqu'on avait maîtrisé ses lettres, on passait aux syllabes : ba be bi bo bu. Et de là, on entamait le premier livre de lecture. En ce temps-là, on ne disait pas qu’on faisait une première, deuxième ou troisième année. Le progrès d’un
* Voir au glossaire pour la définition des mots en italiques.