22 PAR UN DIMANCHE AU SOIR 
     
    
   
   
    
     tard. Cette fois-ci, c’est le père, Aimé Aucoin, quienaété victime. Il 
     
     y à Succombé au mois de janvier 1922, à l’âge de 49 ans. L'épreuve 
     
     a été difficile pour Léah, car elle lui était très attachée. La même 
     
     année, à 23 ans, elle a décidé de quitter l’Île pour voir ce que les États- 
     
     Unis pourraient lui offrir. Elle s’est rendue au Massachusetts avec sa 
     
     sœur Célina et s’est établie à Malden. Elle y a demeuré cinq ans. 
     
     Pendant trois ans, elle est embauchée comme bonne, et le reste du 
     
     temps, elle à assisté une infirmière qui s’occupait de femmes âgées. 
     
     «Elle m'avait appris pas mal, disait-elle. Je soignions des vieilles, 
     
     toutes les deusses. Elle m'avait tout appris comment soigner les 
     
     malades. Ça m'avait donné une belle expérience.» Léah a beaucoup 
     
     aimé cetemploi, car comme elle le disait si souvent, elle avait toujours 
     
     rêvé de devenir garde-malade. Et forte de cette expérience, elle pliait 
     
     bagage en 1927 et quittait à tout jamais les États. 
     
    
   
   
    
     Un jour, j’ai demandé à Léah pourquoi elle était revenue à l’Île, 
     
     alors que son plus jeune frère et quelques-unes de ses sœurs s'étaient 
     
     établis dans le Massachusetts. Elle m'a répondu qu'elle avait beau- 
     
     coup voyagé en Nouvelle-Angleterre et qu’elle s'était rendu compte 
     
     qu’elle préférait de loin la vie à l’Île-du-Prince-Édouard. «J'ai toujours 
     
     aimé l’Îley, a-t-elle conclu. D'autre part, elle a souvent raconté à ses 
     
     enfants à quel point elle s'était ennuyée aux États-Unis. «Elle était 
     
     sérieusement ennuyeuse, de dire Florence. Elle avait assez braillé par 
     
     l'ennui. Puis elle était tout le temps assez contente de s’en revenir» 
     
    
   
   
    
     Léah aimait beaucoup plaisanter. Lorsqu'elle était jeune, elle se 
     
     distinguait des autres membres de sa famille par son sens de l'hu- 
     
     mour, sa jovialité et son esprit coquin. «J'étais pas ce qu on pourrait 
     
     appeler une wild jack, disait-elle, mais j'étais effarée puis j'aimais la 
     
     fun!» Sa mère appréciait ses visites lorsqu'elle revenait en vacances 
     
     des États-Unis. Florence raconte que sa grand-mère était une per 
     
     sonne nerveuse, et quand Léah arrivait en visite, elle lui disait : «Je 
     
     suis assez fière de te voir parce que toi t'es assez folle, t'es assez pleine 
     
     de fun. Tu me réjouis assez, t'arranges mes nerfs.»