LÉAH MADDIX, LA COMPOSEUSE 49

Elle disait à Jean Belliveau, journaliste de Za Voix acadienne, que ça lui prenait de 20 à 25 minutes pour agencer une chanson.

Léah n'’écrivait jamais ses chansons; elle se fiait entièrement à sa mémoire qui, d’ailleurs, lui faisait rarement défaut quand elle interprétait ses compositions récentes. Mais, en revanche, il lui prenait plus de temps pour se remémorer tous les couplets d’une plus vieille chanson, et souvent quelques couplets lui échappaient com- plètement.

Comment s’y prenait-elle pour composer? Son sujet choisi, elle se trouvait d’abord une mélodie qui lui servait de support. Avec cet air à l'esprit, elle enchaînait les vers qu’elle rimait au fur et à mesure. Elle choisissait dans son vaste répertoire de chansons une mélodie très simple et ordinairement bien connue : le timbre. Léah ne semblait pas donner tellement d'importance à la provenance de ses mélodies. Je m'en suis rendu compte quand elle m’a fièrement interprété une nouvelle composition. Reconnaissant immédiatement le timbre, mais curieux de savoir si elle pouvait l'identifier, je lui ai demandé quelle mélodie elle avait retenue pour sa chanson. À ma grande surprise, elle n’a pu me répondre, se contentant de me dire que c'était un des nombreux airs qu’elle conservait dans sa mémoire

et qui s'était présenté tout bonnement au moment elle s'apprêétait à Composer les paroles.

Léah a composé trois de ses chansons (Annette etÉphrem, Noël fêté en septembre et Hélène et Jos) sur l’air des Cartes, mélodie Simple d’une chanson bien connue du répertoire acadien et qui a souvent été retenue pour des compositions locales. Parmi les autres timbres qui ont servi à Léah, et à de nombreux autres poètes populaires acadiens, mentionnons Vous m'entendez bien, Quand {rois Canes vont aux champs (Ah! que vous diratje maman? et Marie Calumet. Les timbres qu’elle a choisis pour ses chansons sérieuses viennent surtout de complaintes traditionnelles telles Dé: part pour l'exil, La Délaissée qui se pend, et de complaintes locales Comme La Tuberculose au sanatorium et François Richard. La Chanteuse a aussi choisi des airs, qu’elle trouvait appropriés, de son