SO PAR UN DIMANCHE AU SOIR

répertoire de chansons anglaises. Elle y a ainsi pris l’air de A{y Bonnie Lies over the Ocean et Silver Threads among the Gold. Léah ne se limite pas seulement à emprunter les mélodies de ces chansons; il lui arrive assez souvent de se servir des textes comme guide pour la composition des paroles, empruntant des expressions et parfois des vers entiers.

Les timbres qu’on retrouve dans les chansons de Léah s’écartent un peu des versions des mélodies généralement connues à l’Île-du- Prince-Édouard, même que quelques-uns ne sont pas facilement reconnaissables. On peut se demander si elle a consciemment créé ces variantes.

Léah s’est même aventurée à composer une mélodie de toutes pièces pour la chanson qu'elle a intitulée Marche par sus Jos. Et quelle aventure! La composition de la mélodie ne lui a pas posé de problème; c’est plutôt la suite qui s’est avérée difficile. Aujourd’hui, bien des chanteurs qui ne savent pas écrire la note composent leurs propres mélodies à l’aide du magnétophone. Dans les années 1940, les magnétophones n'étaient pas encore connus à Saint-Gilbert. Léah m'a raconté qu'elle a fredonner son air pendant une journée entière pour bien la mémoriser. C'était selon elle beaucoup trop de travail; elle s’est donc contentée par la suite d'emprunter des airs tout faits comme elle le faisait auparavant.

Dans ses compositions, Léah utilise le parler quotidien des francophones de l’Île-du-Prince-Édouard de sa génération. Les ex- pressions uniques aux Acadiens del’Îleysontrares, car les acadianismes qu’elle emploie sont connus ailleurs en Acadie et même dans les parlers régionaux de l’ouest de la France. On y trouve aussi des calques de l’anglais et des mots anglais utilisés couramment (voir le glossaire à la fin du livre). Léah respecte la conjugaison des verbes typiques du parler traditionnel acadien qui a conservé le «j'avions» de l’ancien français. À l’Île-du-Prince-Édouard, cette façon de conjuguer prédomine toujours chez les francophones.

Puisque Léah Maddix n’a pas fréquenté l’école plus de quelques années, elle n’a pas eu l’occasion de maîtriser l'orthographe française