LÉAH MADDIX, LA CONTEUSE 167 — Nos petits poulets crevont tous. Bien, elle dit : — Quoi ce que vous leur donnez à manger? — Mon Dieu! une poule a-t-elle pas assez de lait pour nourrir ses poulets25? Get in enough De nos jours, les Acadiens de l’Île-du-Prince-Édouard qui par lent le français connaissent généralement bien la langue anglaise. Ce n’a pas toujours été ainsi. Avant l’époque de la radio, de la télévision et des moyens de communication dont nous jouissons aujourd’hui, il y avait bien des gens dans les villages acadiens qui entendaient mal l'anglais et qui ne le parlaient à peu près pas, même si le village voisin était totalement anglophone. C'était surtout le cas des enfants et des femmes qui avaient moins l’occasion de sortir de leur milieu. Il existe plusieurs anecdotes qui rappellent cette époque. Une des plus populaires à l’Île est celle que j'intitule Get in enough. Dans la version que Léah m'a racontée, elle mentionne «Racicot». C’est bien ainsi que les anciens prononçaient le nom du village de Rustico, communauté acadienne située sur la côte nord de l’Île. Il aurait été nommé d’après René Racicot qui y a vécu avant la Déportation des Acadiens en 1758. Complètement entouré d’anglophones, Rustico s’est anglicisé de sorte qu'aujourd'hui la langue française y est peu parlée. Get in enough Une fois, c'était une femme puis elle parlait pas anglais en toute. Elle allait en quelque part puis quelqu'un [un anglophone] l'a faite embarquer. Il a arrêté puis il a dit : - Get in. Ça fait, elle a embarqué. Puis là, elle savait guère comment faire pour y dire qu’elle voulait descendre, Quand qu'elle a été un bout, elle a dit : — Get in enough. Ça fait, il l'a laissée descendre. Quand elle a arrivé chez elle, elle dit : — Par chance j'avais de l'anglais, il m'aurait «get-in-né» jusqu'à Racicot?7. KAKHKXÉX