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les concessions de terres dans ce lointain domaine, mais en fait: personne n’essaya sérieusement, pendant ces vingt ans, de fonder une colonie. Ceux des premiers colons français, qui n'avaient pas été faits prisonniers, restèrent là, vivant de pêche et de chasse, toujours amis fidèles des Micmacs. Quant aux missionnaires jésuites, ils dirigèrent leurs pas vers le Canada, où se portaient les efforts de la France, oublieuse de sa première colonie. Les missionnaires, eux, ne l’oublièrent pas : un « charme sécret » (1) les attirait toujours vers ces vastes solitudés. Le 20 mars 1618, les Récollets obtinrent du roi Louis XII la permission de passer au Canada, avec pouvoir « d'y établir autant de couvents qu'ils jugeront nécessaires selon les temps et les lieux » (2). D'autre part à Bordeaux existait alors une compagnie qui s’occupait du trafic avec l’Acadie. Elle « demanda trois prêtres et un frère avec promesse de les entretenir autant dé temps que durerait la société. Ils (les Récollets) y allèrent donc et s’y établirent par manière de mission sédentaire » (3). L'un d’entre eux se fixa à Port-Royal, où demeuraient encore quelques colons français, tandis qu’un autre s'installa à la rivière Saint-Jean ; un troisième se rendit à Miscou. Ils durent se mettre résolu- ment à l’œuvre puisque, trois ans plus tard, ils s'étaient faits aux missions « parmi les sauvages de la Cadie, dont ils possédaient fort bien la langue et qu'ils instruisaient avec contentement » (4).
En 1624, trois autres Récollets débarquèrent en Acadie, avec ordre de passer au Canada, s'ils croyaient pouvoir y
(1) Leclercq (1), p. 437.
(2) Sixte le Taxe, p. 175.
(3) Leclercq (1). I, p. 239.
(4) Hist. chronologique, p. 119.