\ es La colonie de La Hève prospérait donc grâce aux lar- gesses de son chef Razilly qui, dès la première année, avait déjà dépensé 50.000 écus pour la fondation. La population augmentait rapidement, et nos missionnaires, tout en conti- nuant à instruire les enfants des colons, se faisaient les disciples obéissants des Indiens ou de quelques vieux Fran- çais, afin d'acquérir la langue souriquoise. Razilly mourut accidentellement en 1635 ; sa mort plongea dans le deuil la colonie qui, pour la première fois, avait trouvé un chef, qui laissait de côté le commerce de pelleteries pour s'occuper du bien des colons. Selon les désirs du défunt, Charles de Menou, Sieur d’Aulnay de Charnisay, lui succéda. 11 avait été « la cheville ouvrière de l'établissement seigneurial et agricole » (1), et les colons furent heureux d’avoir un si bon chef. Le nouveau gouverneur comprit que les terres, trop étroites et trop ingrates de La Hève, ne pouvaient être un centre de colonie: il se transporta donc à Port-Royal qui devint de nouveau capitale de l’'Acadie. La Hève avec quelques métis et quelques gardiens des magasins resta port commercial. ; Le bois de construction ne manquait pas, aussi les maisons se groupèrent-elles rapidement autour du vieux fort restauré. D’Aulnay, à l'exemple de son prédécesseur, se montra € l’ami et le protecteur » (2) des missionnaires. « Il se hâta d'y faire construire toute maison nécessaire à l’établis- sement, en particulier une chapelle et un séminaire » (3). Les frais de ces constructions retombaient sur lui, comme il (1) Rameau. I, p. 88. (2) Gosselin, p. 53. (3) Moreau, p. 102.