maîtrise peu commune » (1). En 1641, d’Aulnay, désireux d'augmenter sa famille coloniale, passa en France. Il en revint avec une vingtaine de familles et probablement avec six autres capucins ; car, en 1643, le séminaire, toujours de plus en plus prospère, en comptait douze (2). Si les documents de l’époque insistent surtout sur l’ensei- gnement donné aux indigènes, il ne faudrait pas croire que celui des fils des colons en souffrit. Ces braves Français, comme leurs frères de France, continuaient à envoyer leurs enfants au curé. Le Sieur d’Aulnay, qui suivait de très près et jusque dans ses moindres détails le développement de sa colonie, n'aurait pas manqué de rappeler au devoir le père qui aurait négligé d'envoyer ses enfants à l’école. Un des meilleurs historiens de l’Acadie nous montre les missionnaires à l'église le dimanche « avec leur trente pensionnaires, et avec les enfants du pays qu'ils tenaient en l’école ; ils arrivaient en rang prendre place à l’église », et ailleurs ül ajoute que les travaux des missionnaires « se partageaient entre le ministère religieux et l’enseignement qui se donnait aux enfants des Indiens et aux enfants des colons » (3). = Quel tableau ravissant nous peint un fils de saint François, devenu l'historien des exploits de ses frères ! « Non loin de la modeste habitation en pièce équarrie, à l’'orée du bois, le missionnaire est assis sur un tronc de sapin. Derrière, c’est la forêt où le chant varié des oiseaux se marie au bruit sec de la hache. En face les eaux de l'Atlantique jouent sur les molles grèves de la baie ou remontent à grande allure la (1) Candide, p. 9 et 10. (2) Bibl. Nat. Man. fr. Nouv. Acq. 9282, f. 94. (3) Rameau. I, p. 102.