ceux qui purent échapper aux Anglais, se livrèrent joyeuse- ment à l'incertitude de la forêt, heureux de demeurer avec leurs néophytes. Pourtant « forcés par le dénuement » (1), et voyant leur ministère à peu près inutile, ils reprirent en 1655 le chemin de la France. Seul, le père Joseph d’Auger, trouva dans la forêt un asile et resta caché avec ses enfants spirituels jusqu'à sa mort (1667).
On a trop laissé dans l’ombre le rôle des pères capucins en Acadie. « Les beaux collèges et les florissantes académies d'aujourd'hui ont éclipsé les modestes écoles du début » (2), mais les Micmacs ont fidèlement gardé, dans leur mémoire et dans leur cœur, le souvenir des « pieds nus». Cette naïve appellation qui n'avait plus pour eux qu’un sens vague et énigmatique, reprit toute sa signification, quand en 1844 les capucins vinrent prendre soin des Indiens de Restigouche et renouer, avec ces enfants des bois, des relations interrom- pues pendant plus d’un siècle.
(1) Arch. de la Prop. à Rome, Scritture Antiche, vol. 240. (2) Écho de Saint-François, 1914, p. 243.