— 41 — résultat, que l’homme commun et le plus vulgaire puisse tomber très bas dans l’ordre matériel, sans déchoir entiè- rement dans les facultés de l'esprit » (1). Le curé Petit, sincère ami des Acadiens, dont les malheurs le touchaient, était en même temps un apôtre de l'éducation. Par suite de l'augmentation prodigieuse de la population, il supplia Monseigneur de Saint-Vallier de lui envoyer un aide, tant pour son église que pour ses écoles. « Si nous avions encore un prêtre. on pourrait plus facilement soutenir l'instruction de la jeunesse qu’on a jusqu'ici bien cultivée » (2). Déjà, à peine arrivé dans son immense diocèse, l’évêque de Québec avait envoyé à Port-Royal une sœur de la Congré- gation de Notre-Dame fondée à Montréal en 1658 par Marguerite Bourgeoys. Cette communauté enseignante, non cloîtrée, répondait bien aux besoins pressants de la mission naissante du Canada. Arrivée à Port-Royal, cette religieuse se mit résolument à l’œuvre, rivalisant de zèle avec l’insti- tuteur qui, lui, s’occupait des jeunes garçons. L'année sui- vante, en 1686, l'évêque de Québec, pour mieux connaître son diocèse, décida de visiter, malgré d'énormes difficultés, les missions de l’Acadie. À Port-Royal, il note dans son journal, à propos de cette sœur de Notre-Dame : « J'ai reconnu qu’une bonne sœur, que j'avais envoyée devant moi de Québec en ce lieu-là, y avait déjà fait beaucoup de bien pour les femmes et les jeunes filles ; sa maison sera désormais le rendez-vous des unes et des autres, elle apprendra à lire, à écrire à quelques-unes ; elle pourra prendre des pensionnaires et en (1) Rameau. I, p. 158. (2) Casgrain, p. 53. Lu