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transport, étaient définitivement rejetés en France. Nous aimerions à suivre pieusement les traces des milliers d’Aca- diens qui habitaient l’Ile-Royale, comme on suit au cimetière le cercueil d’un ami, d’un parent. « Les plaintes de ces humbles ont été si bien étouffées, ces sombres pages de l’his- toire coloniale anglaise ont été si bien obscurcies ou anéanties qu'on ne sait trop : un silence de mort pèse sur ces pays perdus, sur ces heures tragiques » (1).
II. — Destruction des écoles acadiennes et déportation des Acadiens.
Nous avons laissé (2) les écoles de Port-Royal continuant à instruire les jeunes Acadiens en dépit du peu de sympathie que leur témoignait le nouveau régime. Les Acadiens ren- daient de grands services aux Anglais, puisque la petite
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garnison recevait d'eux sa subsistance. On comprend facile- ment qu'un tel état de choses ne pouvait durer : aussi l’An-
gleterre, pour libérer sa garnison de cette sorte de servitude,
décida de fonder Halifax. Les premiers colons britanniques y arrivèrent en 1749. Le site choisi, avec son magnifique hâvre défendu par des îlots aux falaises escarpées, se prétait admi- rablement à la fondation d’une ville forte. Quelques années plus tard, Halifax assurait aux Anglais la maîtrise indiscutable de la presqu'ile. Les Acadiens devenaient donc inutiles, _génants même, puisque, devenus très nombreux, ils refusaient toujours d'adopter la langue et la religion anglaises. Leurs riches terres, leurs nombreux bestiaux feraient bien l'affaire
(1) Lauvrière. IT, p. 61. (2) Cf. Chap. I, art. Il.