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à instruire lui-même les enfants de sa paroisse et à organiser des cours pour ceux qui se trouvaient trop éloignés. On s'étonne aujourd’hui, du travail qu'a pu fournir dans le domaine de l’enseignement un seul homme, dénué de res- sources matérielles et déjà absorbé par un pénible ministère. Faute de mieux, il convoqua ses premiers élèves dans son presbytère. «Les élèves, paraît-il, ne répondaient que timide- ment aux avances du maître; une crainte respectueuse favorisée par la paresse, éloignait les enfants et désolait le pasteur » (1). D'autre part, certains parents, qui ignoraient les bienfaits de l'instruction, semblent avoir peu secondé le zèle du curé et trop encouragé l’indolence des enfants. Le pasteur déplorait d'autant plus la coupable négligence de ses élèves, que cette ignorance rendait plus difficile l'étude du catéchisme.

Les enfants et les peuples enfants ont plus besoin de modèles que de critiques ; les exemples les entraînent plus facilement que les raisons et les principes. Le curé résolut donc, autant que le lui permettraient son temps libre et ses faibles ressources, de faire de son presbytère une école modèle, qui servit de prototype aux autres écoles qu’il comp- tait établir dans son immense paroisse. Pénétrons dans cette école presbytérale dont les vieux Acadiens nous ont transmis une vivante et fidèle description. L'été, dans la modeste salle de réception ou dans la sacristie, l'hiver, à cause du froid, dans la cuisine, les élèves se groupent autour du père Sigogne, dont le regard tour à tour brillant et doux inspire, autant de crainte que de confiance. Les petites filles, que leur indigence avait fait accepter dans ce foyer de charité, étaient sous la juridiction non moins ferme de la bonne, Scolastique

(1) Dagnaud, p. 165.