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Bourque, et assistaient à leur tour aux cours élémentaires donnés par le curé. Tout dans ce petit collège se faisait avec ordre ; et malgré tout, la règle ne laissait pas d’être parfois violée par suite d’appels imprévus du curé pour administrer un malade ou pour régler un procès urgent.

Le matin, le curé se rendait à l’église pour la messe, tandis que Scolastique veillait au lever de la gent écolière. L'heure du lever variait suivant l’âge des enfants, la saison et la température, mais, l’ordre une fois donné, pas de sursis. Après la prière suivie du déjeüner, tous se rendaient à la sacristie transformée en école. «Les cahiers d'écriture étaient d'un genre spécial qui déconcerterait fort les enfants gâtés de nos écoles. Le. Père conservait précieusement les enveloppes des lettres qu’il recevait. IT les distribuait à ses élèves, indi- quant à chacun le moyen le plus économique d'utiliser ce modeste champ de son activité. Personne ne songeait à sourire ou à se plaindre, et les bâtons, les essais de lettres se suivaient, s’'accumulaient tremblants sur l'enveloppe. Lorsque tous les points étaient occupés et que la vue la plus perçante eût inutilement cherché un espace libre, les plus habiles décollaient avec précaution les bords, retournaient l’enve- loppe et remettaient le cahier à neuf. Si les enveloppes venaient à s’épuiser, elles étaient remplacées par de vieux livres, dont on ne respectait ni l’âge ni les services rendus. Le Père en détachait quelques feuillets, montrait du doigt la direction à suivre, les endroits à occuper, et le travail repre- nait avec le même entrain que si l'enfant eut reçu une belle feuille immaculée » (1).

(4) Dagnaud, p. 191.