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d'école. L'année suivante, arrivent des immigrants écossais ; leur prêtre, James Mac Donald, s'occupe avec dévouement des Acadiens. Alors que cette trentaine de familles acadiennes, dépouillées, presque réduites à l'esclavage, étaient submergées par les flots d’immigrants écossais et loyalistes, le gouverneur Fanning proclama en 1800 qu'il était sage « de supprimer sans réserve la langue française en son gouvernement » (1). La mesure n'eut comme conséquence immédiate que de révéler l’esprit de son auteur ; les Acadiens, en effet, traités comme une race inférieure, n'avaient alors aucune école organisée, mais dans leurs pauvres mansardes, ils n’en conti- nuaient pas moins à conserver les dernières reliques de leur passé : leur foi catholique et leur langue française.
« Comprendrons-nous jamais ce qu’il a fallu de courage, de patience, de persévérance pour continuer la lutte dans de telles conditions. Et si cela n'avait duré qu’un temps seule- ment, mais cet état de choses se prolongea pendant plusieurs générations, que dis-je ? est-ce que cette persécution, ce mépris, ce dédain des Acadiens ne se pratiquent pas encore, même de nos jours, dans plusieurs parties de cette province ? Ne sentons-nous pas que nous n’en avons pas vu tout à fait la fin? Toutefois, disons-le, à leur grand honneur, nos valeu- reux ancêtres ne se laissèrent pas décourager, et, comme on peut le constater aujourd’hui, leurs efforts et leur ténacité n'ont pas été vains » (2). On comprend que, dans de telles circonstances, les écoles françaises durent être bien rares pendant les trois premières décades du siècle dernier. Cepen- dant en 1816, le grand vicaire Mac Donald écrit à Mgr. Duples-
(1) Lauvrière, II, p. 444. (2) Blanchard, p. 15.