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dont 44.907 acadiens, sur une population totale de 285.594 (1). Les protestants l’emportèrent ; cependant, les quelques comtés où dominait l'élément catholique élurent des députés franche- ment opposés à la loi. La résistance continuait. A Caraquet, grande paroisse acadienne, le sang coula. Madame Young (de Caraquet) dont le mari jouissait d’un haut prestige près du gouvernement, trouvant les paroissiens de Caraquet trop bruyants et même menaçants, fit savoir à son mari, alors à Fredericton, qu'il y avait des troubles dans la paroisse. Quel- ques jours après, des miliciens entraient au village. Surpris, les Acadiens se réfugient dans le grenier d’une bicoque : ils pensaient si peu à se révolter qu’ils ne possédaient qu’un seul fusil et des bâtons. Un chef anglais et un Acadien tirèrent en même temps et tous deux tombèrent morts. Effrayés, les Acadiens se rendirent sans aucune résistance. Au nombre de vingt-quatre ils furent conduits sous bonne escorte à Bathurst ; jetés en prison, sept allaient être condamnés à mort. Pour- quoi ceux-là plutôt que les autres ? secret des tribunaux. Il y eut appel à la reine et le procès fut déclaré nul pour faute de procédure (2) : les portes de la prison s’ouvrirent.
Le gouvernement s’aperçut-il du danger qu'il y avait à jeter, sans raison, le pays dans de tels désordres ? Toujours est-il qu’un compromis, survenu en 1874, ramena la paix trop longtemps troublée. Dans toutes les écoles, on permettait l’enseignement religieux en dehors des heures réglementaires des classes ; le port de l’habit religieux était toléré et, par un privilège spécial, les membres des Communautés religieuses, tout en restant astreints à passer leur examen pour obtenir
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(1) Recensement canadien de 1871. (2) Poirier, p. 191.