leurs écrits nous le prouvent, une très bonne instruction : on ne distingue pas leur français de celui de la cour de Versail- les. Ces chefs, contrairement à ce qui se passait trop souvent en France, loin de s’isoler de leurs sujets, se mélaient intime- ment aux travaux et à la vie des colons. Ainsi, « l'immigration qui amenait des recrues de la mère-patrie, le contact avec les gouverneurs et les officiers dont le langage avait le souci de la tenue et dela correction, l'isolement du peuple qui favorise la conservation de la langue et surtout la présence des mis- sionnaires qui en sont partout les meilleurs gardiens » (1), contribuaient efficacement avec les écoles à unifier la langue des Acadiens et à la tenir au courant de l'usage de la bonne société française de l’époque. Livré à lui-même depuis 1759, l'Acadien a conservé amoureusement sa langue avec ses termes, aujourd’hui parfois désuets et vieillis. Ses maîtres d’école ambulants et ses modestes écoles primaires ne purent plus le mettre, pendant près de deux siècles, au courant des réformes de l’Académie ou des usages de France ; il s’en tint donc à sa vieille langue. Mais même avec cette langue quelque peu démodée, s’il eût été donné à nos vieux Acadiens d'assister à la séance de l’Académie française sur les concours de 1924, ils auraient applaudi, peut-être pleuré, en entendant le secré- : taire de l’Académie parler « du miracle et du martyre acadien » et féliciter ce peuple d'avoir conservé si précieusement « notre langue française » au prix de tant de difficultés. M. Doumic saluait aussi cette « nouvelle génération d’Acadiens qui s'élève, intelligente, instruite et entreprenante » (2). Cette nouvelle (1) Congrès du parler français, p. 48. (2) Rapport de M. Doumic sur les concours de l’année 1924, p. 5 et 6.