; \ leur langue. En tournant les pages de l'histoire, on rencontre
des peuples qui, moins persécutés que le peuple acadien, ont abandonné leur langue et souvent aussi leur foi : mais peut- on en rencontrer qui aient résisté aussi longtemps et aussi
victorieusement à des persécutions contre leur langue ?
Dans quel temps marquaient-ils tant de constance ? Dans le même temps que la France Ne pouvait pas les soulager,
Et qu’on leur promettait une entière assistance S'ils avaient bien voulu changer.
Ils ne se laissaient pas aller à l’amorce ; Ils ne voulaient pas être Anglois,
Et de tout leur courage, ils défendaient leurs droits ; Contraints de céder à la force,
Tout vaincus qu'ils étaient, ils demeuroient François.
. Que de peuples réduits à leur extrémité Pour être plus heureux, auraient changé de maîtres ! (1)
On croirait que ces vers leur ont été récemment consa- crés, tant ils conviennent à leur situation : ils sont de 1708! Jamais ils n’ont eu plus d'à propos qu'aujourd'hui.
Les souvenirs du passé n’ont laissé chez l’Acadien aucune rancœur : toujours patient, toujours paisible, il va jusqu’à s'écrier : « Heureuses misères ! heureuses difficultés ! heureu- ses épreuves de nos pères !.… Sans vous, serions-nous aujourd'hui ce que nous sommes ?... Aujourd’hui, nous recueillons les fruits de leurs efforts, comme demain nos enfants recueilleront, à leur tour, les bienfaits de notre fidélité au passé, et de notre intelligente préparation de l'avenir » (2).
(1) Diéreville, p. 82. (2) Blanchard, p. 16 et 17.